« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B alias Aton, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva, éd. Nimrod

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteurs et de l’éditeur. Droits réservés.


« Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n'est qu'une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l'esprit qui voltige n'est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c'est une grâce que je nous souhaite. »

Edmond Rostand


« Bianchi s'est fabriqué un couteau et le garde cranté sur la carotide du Psy. Ce gars-là va aller au bout ».  Les deux hommes sont plantés au milieu de la coursive, blottis contre le mur gauche, assis sur deux chaises, le psychologue dans les bras de Bianchi, une pointe de verre pressée sur la carotide. Pas besoin d'être un cador en balistique pour imaginer qu'en cas de tir, Bianchi serait projeté en arrière par l'impact de la balle et enfoncerait son couteau artisanal dans la gorge de l’otage.

Prise d’otage d’un psychologue pénitencier par le prisonnier Bianchi à Fleury-Merogis, 1.9.2008

Il est 20h30 et un chariot avec du café destiné aux prisonniers est prêt à s’ébranler, mais nous attendons encore… L’attente avant l’action me ronge, mais je dois rester concentré (…) Je me mets à trembler. Ce tir va à l’encontre de l’éthique du Groupe, qui consiste à préserver des vies au péril de la sienne. Mais il faut pourtant bien que quelqu’un s’acquitte de la mission ! L’issue va être fatale. Je le sais, mais il faut l’accepter, comme Bianchi l’a peut-être lui-même déjà accepté.

Philippe B & Glock 19.

Le temps se fige. Mes quatre compagnons se muent en statues tandis que la louche rebondit, produisant un faible bruit métallique qui me fait l'effet d'un coup de tonnerre. Dans la même fraction de seconde, je bondis sur ma gauche pour me décaler, remonte le Glock à hauteur de mes épaules et tends les bras. Bianchi regarde furtivement dans la direction de l'objet qui vient de tomber, puis ramène son regard vers moi. Moi, je ne vois que son cou, et c’est là que je décide de loger ma balle. Feu.

Philippe B dans son box, caserne du GIGN, Satory

Il est minuit quand nous quittons la prison et reprenons la route de Satory.  Assis à l'arrière du Chevrolet, je me laisse bercer par les lumières de la ville. Derrière certaines fenêtres toujours éclairées, des gens aiment, rient ou dorment.  Ils apprendront demain qu’un preneur d’otage a été « neutralisé » à Fleury-Merogis. De mon côté, j'ai surtout l’étrange sensation qu'une partie de moi-même m'a quitté avec Bianchi. Christian Prouteau a coutume de dire : « Nous traînons nos morts derrière nous ».
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« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva

Il existait déjà de très beaux témoignages d'Ops, préfet Prouteau, Montins, Delsaut, et autres pères fondateurs, mais cette fois, nous sommes plongés dans le corps d’élite de la Gendarmerie Nationale d'aujourd'hui. Parcours de Philippe B, personnage hors-normes, sergent-appelé du 1er RCP, quêtant le GIGN comme son Graal. Sélection/entrainement "viril" (ça pique !), déploiements en Irak, Guinée, Libye, au Kosovo, mise hors d'état de nuire de forcenés, jusqu'à l'élimination des djihadistes en 2015, tout cela raconté sur un ton sans filtre, si ce n'est, à l'occasion, "rentre-dedans" (à la lecture, des sourcils ont dû se froncer de-ci de-là...).

Ecrit avec le camarade Jean-Luc Riva, ancien du 13e RDP et du Renseignement, dont le talent d'auteur est désormais de notoriété publique.

A lire, évidemment.

Aux éditions Nimrod, 21€, disponible ici.


L’adieu aux armes de Philippe B. Décembre 2018, Satory

Philippe a quitté le GIGN en décembre dernier et, outre la promotion du livre (suivez les annonces de rencontres/dédicaces sur GIGN, Confessions d'un Ops, la discussion vaut le coup : le bonhomme est extrêmement sympathique ; physique guerrier mais sourire omniprésent), il se lance dans une carrière d'acteur. Voir sa page Aton.

Avec Jean-Luc Riva et Philippe B au bien connu magasin d’équipement Welkit de Montrouge.
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Hommage

Aux membres du GIGN morts pour la France, morts en service commandé

Raymond Pasquier, 23.4.1977

Henri Jacques, 25.3.1881

Jean-Louis Maussion, 7.6.1982

Patrick Berteau, 20.7.1989

Jean-Michel Pignon, 7.3.1990

Eric Arlecchini, 28.11.1996

Antonio Capoccello, 28.11.1996

Jean-Louis Prianon, 26.6.1997

Frédéric Mortier, 19.1.2007

Ludovic Riondet, 8.6.2010

Cédric Zewe, 7.11.2013


Les chiens Arno et Rolympe, 3.11.1982

Rick, chien de « Joe Forest », 28.2.2005


Aux blessés,

A leurs proches.

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Philippe B en rappel d’un hélico, tout sourire, évidemment.

Toutes ces années, Philipe a eu le sourire, l'esprit qui domine le corps et la plaisanterie face au danger. S'il avait été soldat de l'Empire, on l'aurait vu à la bataille d’Eylau en colonel-major Lepic, s'adressant à ses Grenadiers à cheval qui baissaient la tête sous les boulets pour leur crier : « Haut les têtes ! La mitraille n’est pas de la merde ! ». 


MAJ (er) Jean-Luc Riva

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